Belle Seigneur Rencontre Solal Ariane

belle seigneur rencontre solal ariane 21Ce regard damour est parfois redoublé dans des reflets lexicaux que sont les apostrophes à soi-même. Ainsi celles de lécrivain pour réparer lagression du camelot : Mon ami, mon amour, mon chéri. En outre, des effets de duplication narrative multiplient les reflets : la scène dAriane au miroir nous a déjà été rapportée par le narrateur au début du chapitre II, cependant quelle est le reflet du regard de Solal sur lui-même dans le chapitre inaugural : Il se campa devant la psyché. Oui, beau à vomir. BS, p. 12 Ces deux formes de reflets littéraux montrent que le texte lui-même possède pour son auteur une fonction de miroir. Quand les gens posent pour une, ils sourient, ils sont bons, leur âme est. Cest agréable de les regarder, on a le meilleur deux. De, Inscrite le 12 juin 2012, 27 ans-14 mai 2013 3 qu elle ne sait pas ce qu il fait : rôle de victime passive alors que lui est en fait un vrai metteur en scène 3. Enfin le franchissement des obstacles est tout à fait étonnant : lors de la première rencontre, Solal franchit les obstacles par un baiser vécu par procuration : Notre premier baiser, mon amour l.46. Ce franchissement est rendu possible par le goût commun des deux personnages pour les miroirs et leurs reflets. Ainsi au début du texte, le personnage est-il devant la psyché l.4 et lorsqu il fait le récit de la scène de première vue elle s est approchée de la glace du petit salon, car elle a la manie des glaces l.43-44. Ce baiser par procuration est à la fois romanesque et romantique : Solal se construit une histoire et cette histoire est forcément amoureuse. La deuxième rencontre est rendue possible par un franchissement plus concret : il entre dans sa chambre et franchit physiquement la limite de son intimité. Et là, ce franchissement, s il conserve un caractère romanesque l amoureux entre par effraction chez la femme aimée pour concrétiser cet amour : Julien Sorel rejoint la chambre de Madame de Rênal en grimpant à une échelle par exemple est loin d être romantique : Solal effraie plutôt qu il ne réjouit : répétition du mot fou. Ce franchissement peut même avoir un effet comique : Cohen détourne les clichés de la scène de rencontre : le sourire, ordinairement une attitude positive, est ici édenté l.8. La description de Solal lui donne un air presque pervers : il la regardait maintenant, lui souriait tout en caressant l horrible barbe blanche l.6-7. Le topos littéraire de la scène de première rencontre est ici détourné, réinterprété, réinventé pour lui donner plus de force. Cette force nous la retrouvons dans la description de la femme, tout aussi étonnante puisqu Ariane est décrite deux fois II. Un double portrait d Ariane : la double scène de première vue permet un double portrait de l héroïne : d abord présentée à travers son point de vue interne comme terrorisée, puis décrite de manière tout à fait élogieuse par le fou, voire idéalisée 1. Ariane se dessine : un autoportrait :-description d abord d un point de vue externe : sa posture assise sur le bord du lit, puis son émotion, laquelle transparait à travers les mouvements de son corps : elle grelottait. Description objective du personnage. L imparfait indique que le tremblement dure. Ariane est vue en position d infériorité : assise par rapport à quelqu un qui se tient debout. Ce tremblement est intensifié quelques lignes plus loin : elle tressaillit : gradation entre les deux verbes et passage d un tremblement dû au froid à un tressaillement causé par la peur-Puis le narrateur se rapproche de son personnage et passe en point de vue interne : comme s il établissait une solidarité avec elle. Le personnage d Ariane se complexifie un peu : l angoisse se teinte petit à petit d une prise de distance face à la situation. On le sent grâce au discours indirect libre :! Angoisse : Un fou, avec un fou dans une chambre fermée à clé : jugement prononcé par Ariane dans son tribunal intérieur. La répétition anaphorique du mot fou par 3 fois traduit l angoisse du personnage! Angoisse un peu domptée : progression dans la désignation de ce fou : passe de l article indéfini un fou à un article défini : le fou. Sorte de complicité grammaticale avec Solal. Cette complicité établie par la grammaire se confirme par l obligation assumée de maintenir le tête à tête : le DIL permet de laisser libre cours au questionnement d Ariane et aux tentatives de réponses : Appeler au secours? A quoi bon, personne dans la maison : les phrases sont non verbales et traduisent la vitesse de réflexion d Ariane : on passe de l angoisse à une forme de résignation! Elle prend alors le temps de pousser plus loin le jugement de l intrus : comme si elle se concentrait sur lui plus que sur elle : Affreuse, cette lente caresse de méditation. Affreux, ce sourire édenté : toujours la reprise anaphorique du mot important. Intensifié plus loin par la sentence abjection de vieillesse. Il nest pas aisé de donner son avis sur un roman fleuve considéré comme le chef-doeuvre de la littérature amoureuse du xxème siècle, quand on la lu depuis un certain temps. Deuxième manège, démolir le mari. Déjà fait. Troisième manège, la farce de poésie. Faire le grand seigneur insolent, le romantique hors du social, avec somptueuse robe de chambre, chapelet de santal, monocle noir, appartement au Ritz et crises hépatiques soigneusement dissimulées. Tout cela pour que lidiote déduise que je suis de lespèce miraculeuse des amants, le contraire dun mari à laxatifs, une promesse de vie sublime. Le pauvre mari, lui, ne peut pas être poétique. Impossible de faire du théâtre vingt-quatre heures par jour. Vu tout le temps par elle, il est forcé dêtre vrai, donc piteux. Tous les hommes sont piteux, y compris les séducteurs lorsquils sont seuls et non en scène devant une idiote émerveillée. Tous piteux, et moi le premier! Crétin de Jazzi, on lui parle dun grand écrivain, il te répond par un troisième couteau Et ça te fait la leçon à longueur de journée Si je ne sais pas me tirer dune phrase ou si ça membête, adopter le style télégraphique. Mais dans mon roman je ne mettrai naturellement que de vraies phrases. En mai 1968, tandis que les étudiants du Quartier latin brandissaient le Petit Livre rouge, Albert Cohen publiait limmense Belle du Seigneur, des pages mythiques tenues pour géniales ou mortellement ennuyeuses, un chef-doeuvre encensé ou tombant des mains. Anachronique ou intemporel, cet hymne à la passion fête ses cinquante ans. Retour sur un destin surprenant. Et tout comme moi en ce moment, le grand babouin de la cage parle fort, avec des gestes de vitalité, parle en maître à la babouine qui le contemple avec des yeux émerveillés. Il a du charme, dit-elle tout bas à une vieille copine babouine qui sévente, il a un sourire si doux, je sens quil doit être très bon au fond. Et les araignées! Connaissez-vous les moeurs des araignées? Elles exigent que le mari prouve sa force en faisant des bonds! Ainsi. À pieds joints, il sauta par-dessus la table. Honteux et se sentant ridicule, il alluma une cigarette, en expira furieusement la fumée. Authentique, je peux vous montrer le livre. Et si le mari ne fait pas des bonds et ne tourbillonne pas tout le temps, rien à faire, lâme de laraignesse se détache de lui, et elle file aussitôt vers la mer avec un araignon tout neuf qui, nétant en amour que depuis quelques jours, cabriole et pirouette que cest un plaisir. Cest un araignon nègre! Car sachez quelles adorent les nègres, mais cest un secret quelles se chuchotent entre elles, la nuit au clair de lune, loin de leur blanc. Et alors, devant la mer soyeuse et bruissante, le malheureux doit faire des bonds de cinq, six et même sept centimètres, ce qui fait quelle ladore! Nous sommes dans le milieu des diplomates et des fonctionnaires de la Société des Nations à Genève lancêtre de lONU dans les années 30, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Un trio de personnages est au centre de notre attention : Adrien Deume, un raté de la petite bourgeoisie belge, qui na quune ambition : devenir cadre A au lien de cadre B. Il est prêt à toutes les bassesses pour y arriver. Son but : parader et glander devant son bureau. Il faut à lui seul le détour! Autres oeuvres importantes : Le Livre de ma mère 1954, O vous, frères humains 1972, Carnets 1978. Albert Cohen est mort à Genève en 1981..le burlesque est à fleur de plume.. Une nuit, lorsquil dit quil était lheure de se quitter, elle saccrocha, dit quil nétait pas tard, le supplia de rester, linforma en français puis en russe quelle était sa femme. Ne me quitte pas, ne me quitte pas, implora la voix dorée. Il se mourait de rester, mais il fallait la maintenir en soif de lui, et quà sa présence elle nassociât jamais fatigue ou satiété. Il avait honte davoir déjà recours à ce misérable truc, mais il le fallait, il fallait être le regretté, celui qui partait. Il sacrifia donc son bonheur aux intérêts supérieurs de leur amour, se leva et ralluma. 40 Don Juan et le double, Paris, Petite Bibliothèque Payot. Paris, Inscrite le 4 décembre 2010, 28 ans-4 décembre 2010-Présenté de façon méprisante, elle apparaît comme une femme quelconque Tu pointes ce que jai préféré dans le roman, au-delà de lhistoire damour qui en est cependant le cœur. Et pour ce qui est de la fantaisie, je ne lai pas mentionné dans mon billet, mais Ariane nen est pas dépourvue, bien au contraire. On le voit clairement au début du roman et cest entre autres ce qui séduit Solal. Malheureusement, cet aspect de sa personnalité sétiolera par la suite, consumé par les exigences de la passion Cette longueur, ce poids et ces osselets, si je les ai, elle sera un ange, une moniale damour, une sainte. Mais si je ne les ai pas, malheur à moi! Serais-je un génie de bonté et dintelligence et ladorerais-je, si je ne peux lui offrir que cent cinquante centimètres de viande, son âme immortelle ne marchera pas, et jamais elle ne maimera de toute son âme immortelle, jamais elle ne sera pour moi un ange, une héroïne prête à tous les sacrifices. Donc, ami lecteur, patience! Patience non dans lazur valéryen dun discours élégamment dominé, mais dans la noire fourmilière des mots qui se pressent sur les vastes pages, grande poussée de vie verbale qui court dans tous les sens, le grotesque et le lyrique, le comique bourgeois et la tragédie des seigneurs, la puissance orgueilleuse de lesprit ivre dironie solitaire et lextase des amants descendant affolés vers la mort. Cest long, cest inégal, il y a du mauvais goût et quelques steppes de prose sableuse quon aurait envie de traverser en hélicoptère. Mais, une fois engagé, pris dans le récit, on lit, on veut lire encore, aller jusquau bout. Pour deux raisons simples et fortes : Albert Cohen a, comme écrivain, un style qui impose son rythme et, comme romancier, une imagination qui impose ses personnages et leur histoire. belle seigneur rencontre solal ariane Péché dorgueil pour A. Cohen? Toute puissance enfantine ou apostolat messianique? Rédemption? Consolation et réparation pour Solal? C. Stoltz, La Polyphonie dans Belle du Seigneur dAlbert Cohen. Pour une approche sémiostylistique, Paris, Champion, 1998 400 p. Titre dun article dAndré Green, Critique, n o 312, mai 1973. belle seigneur rencontre solal ariane Impossible de parler de tout sous peine dêtre à mon tour interminable. Tous les articles de ce site sont protégés par le droit dauteur et déposés sur Copyright France. Reproduction interdite. Je nai pas aimé, après avoir lu quelques critiques je me dis que je nai pas su voir lâme du roman ou tout simplement que les pavés de plus de 1000 pages sur une romance, ce nest pas mes lectures favorites.